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À SEVRAN JEAN-PAUL TUÉ PAR LA BAC / ANGELO GARAND

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le 1 avril 2022

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Aujourd’hui, une émission constituée de reportages et informations autour de la lutte contre les violences policières ; en appel à la mobilisation de demain samedi 2 avril à 11 h en hommage à Jean-Paul place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois et à la manifestation du 3 avril à République appelé par le collectif des mutilé-e-s pour l’exemple à République.

À Sevran, Jean-Paul tué par la BAC

À Sevran, le 26 mars 2022, un homme de 32 ans a été tué par balle, par un agent de la BAC. Jean-Paul, avait 32 ans, il laisse derrière lui une famille, des enfants, et tout un quartier en deuil. À un feu rouge, situé à la jonction de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. L’homme de 32 ans succombera à ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital.

Présenté par les médias et les services de police comme « connu des services de police », interpelé « après le vol d’une camionnette », les faits se révèlent bien différents d’après les témoignages des habitants : le père de famille aurait décidé de ne pas remettre à son employeur la camionnette de livraison, avec laquelle il travaillait chaque jour, en raison du non-versement de son salaire. Ce n’était donc pas un vol, mais l’action de résistance d’un travailleur qui veut récupérer son du.

Le geste de la police a donc été de protéger la propriété d’un employeur inique, au prix de la vie d’un travailleur. Abattu à un feu rouge, il est plus que douteux que la « légitime défense » fréquemment invoquée par les forces de l’ordre pour couvrir leurs abus soit une justification crédible.

Le policier qui a tué Jean-Paul a été placé en garde à vue, il serait poursuivi du chef d’inculpation de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec circonstance aggravante de sa qualité d’agent dépositaire de l’autorité publique avec une arme.

Il ne faut pas crier victoire trop vite, tout peut changer, on est dans une période électorale présidentielle, il ne faudrait pas que les banlieues s’embrasent.

Même si le parquet de Bobigny poursuit, il faut rappeler que celui-ci dépend hiérarchiquement du Ministère de la justice et en cas de chantage des syndicats policiers qui pourraient manifester sirène hurlante pour contester cette mise en examen, on pourrait connaître un revirement de situation.

Cette affaire, ce n’est pas seulement l’affaire de la famille de Jean-Paul, mais c’est notre histoire à tous, celle qui se répète depuis des décennies dans les banlieues ; la mort d’un frère, d’un père, d’un ami, d’un homme tué par des policiers.

Il faut le vouloir pour tuer un homme. Les policiers sortent de plus en plus leurs armes et tuent. Trois nuits de révoltes dans le quartier des Beaudottes s’en sont suivies. Car l’histoire est têtue et nous savons que trop comment les crimes policiers sont absous. Les médias salissent, la justice couvre. Derrière les images de voitures brûlées, c’est tout un quartier qui pleure la mort d’un proche, et qui doit faire face aux mêmes récupérations politiques en pleine campagne.

Évidemment, les médias mainstream passeront plus de temps à évoquer des dégradations d’ordre matérielle qu’à se pencher sur les causes des révoltes ; des quartier abandonnés ; des écoles, des transport, des services de santé dégradés, des logements chères et mal entretenus, du travail rare et surexploité et pour couronner le tout des brigades policières spéciales sur-armées violentes et haineuses.

Même si le véhicule avait été volé, ce qui n’est pas le cas, en l’état il s’agit d’avantage d’une réquisition, est-ce un motif pour abattre quelqu’un ? La peine de mort est théoriquement abolie en France, mais elle est rétablit sommairement par les flics en toute impunité.

C’est pour ces raisons que les habitants du quartier évoquent à juste titre un assassinat.

Après deux nuits de révolte, 16 personnes dont 4 mineurs ont été interpellées selon la préfecture.

La loi du 28 février 2017, relative à la sécurité publique, votée sous le gouvernement de François Hollande et de son ministre Manuel Valls, est venue aggraver l’usage par les forces de l’ordre de leurs armes à feu. Le refus d’obtempérer peut se solder par la mort. C’est un véritable permis de tuer qui a été légalisé et qui endeuille aujourd’hui la ville de Sevran et tant d’autres avant elle.

Depuis 2017, il y a une nette augmentation de l’usage des armes à feu par les policiers dans les cas de refus d’obtempérer, dans la majorité des cas, il s’agit de personnes qui ne se sont pas arrêtées soit pour un défaut de permis ou par peur de la police. La mort de Jean-Paul nous concerne tous !

Un hommage sera rendu à Jean-Paul samedi 2 avril à 11 h. Le rendez-vous est place du docteur Laennec à Aulnay-sous-Bois.


Les policiers ouvrent le feu sur un homme menaçant armé d’un couteau à Villeneuve-Saint-Georges

Ce dimanche 27 mars après-midi, un homme déambulait autour des rues Guynemer, Branly et Thimonnier à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Cet habitant âgé de 25 ans était en pleine crise de nerfs, il s’en est pris, sans gravité, aux policiers, qui ont tiré sur lui, alors qu’ils n’étaient pas en danger. Il a été atteint de deux balles. Blessé grièvement, sa vie n’est plus en danger.

La scène, filmée par un riverain, dure moins d’une minute mais a figé d’effroi les habitants du quartier Nord de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).

Vers 14 heures, ce sont des habitants de la cité qui ont appelé les sapeurs-pompiers car une personne arpente les rues muni d’une arme blanche et proférant des menaces. Visiblement déséquilibré ou souffrant de problèmes psychiques, ce jeune de 25 ans originaire du quartier. Les pompiers préviennent aussitôt la police.

La patrouille du commissariat de Villeneuve-Saint-Georges arrive et forme un triangle autour de l’homme. « Allonge-toi ! Mets-toi par terre ! », « lâcher ton couteau », ils le mettent en joue avec leur pistolet et un Taser. Le policier tire ! Son collègue tire également à deux reprises. La victime s’écroule, touchée par deux balles au niveau de la cuisse et du dos. Ce qui est particulièrement troublant quand on regarde la vidéo, qui a été heureusement prise par un passant, c’est que les policiers avance vers leur victime l’arme à la main et qu’après avoir tiré ils sont calmes alors qu’ils viennent de tirer sur un homme, aucun état d’âme, la vie humaine n’a plus de sens pour eux. Ce qui est révoltant c’est qu’ils aient privilégié la neutralisation par balle réelle, plutôt que d’autres méthodes. Ce n’est pas la première fois que les policiers tirent sur une personne souffrant de troubles mentaux. Il faut rappeler qu’un policier doit neutraliser non tuer, il dispose d’une matraque, d’un teaser, d’un gilet par balle, d’une bombe lacrymogène.

Les Médiateurs et les éducateurs ont été déployés «afin de maintenir le calme dans le quartier», comme si c’était leur travail.

Dans la cité, des habitants se demandent pourquoi l’un des trois policiers n’a pas utilisé le Taser qu’il tenait pourtant à la main. Mais les journalistes qui prennent directement leurs informations auprès des services de police ont eu la réponse qui couvrent les fonctionnaires qui se trouvaient trop loin selon eux, pour que le pistolet à impulsion électrique puisse atteindre sa cible !


Dans une deuxième partie d’émission, nous vous diffusons la conférence de presse du 30 mars du GENIE au sujet de l’affaire d’Angelo Garand mourrait sous les tirs de gendarmes du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale), une unité d’élite consacrée à la lutte contre le grand banditisme, les prises d’otage et les attaques à main armée le 30 mars 2017.

Ces derniers étaient venus le chercher pour le ramener à la prison de Vivonne. Angelo qui avait obtenu une permission de sortie, ne voulait pas retourner en prison et était resté manger ce jour-là avec sa famille. C’est caché dans une remise
qu’il fut abattu de cinq balles.Il s’ensuivit une bataille judiciaire pour obtenir justice et vérité.

D’abord mis en examen pour “violences volontaires avec armes ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, deux des cinq gendarmes accusés d’avoir tué furent finalement mis hors de cause, la nouvelle juge d’instruction, remplaçant l’ancienne, prononçant un non-lieu sur là base de l’article L435-1 du code de la sécurité intérieure. Il est question ici de l’emploi de la légitime défense par les forces de l’ordre, s’appuyant sur la version des gendarmes, prêtant à Angelo, dangerosité, résistance et volonté d’en découdre à l’aide d’un couteau. Une version que conteste pourtant vivement les proches.

Et c’est de cette version qu’il sera ici question, par l’action de l’organisation GENIE, un groupe de contre-enquête indépendant, “dont l’objectif principal est de faire la lumière sur les crimes et violences impliquant l’État français ou ses agents”. En recourant au journalisme d’investigation et à la modélisation 3D, le groupe de contre-enquête se propose d’établir une hypothèse alternative. Comme il permet sinon d’invalider la version des forces de l’ordre, au moins de contribuer à la vérité sur la mort d’Angelo Garand.