le 2 février 2021
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L’Inde, c’est un sous-continent, peuplé de près d’un milliard quatre cent millions habitants. Si la Chine est “l’atelier du monde”, l’ Inde, c’est le “bureau du monde”. L’agglomération urbaine de Delhi, c’est 38 millions d’habitants.
Depuis deux mois, ils sont des centaines, des milliers et, maintenant, un million à avoir afflué aux portes de la capitale indienne. Ils se sont organisés pour tenir ce siège. Des quartiers de fortune se sont érigés, signe de la détermination des manifestants qui ne veulent pas tout perdre en un seul affrontement.
Ce qui a mis le feu aux poudres ? La figure du premier ministre, Narendra Modi, péniblement élu à la tête d’une coalition conservatrice en 2014, cristallise toutes les colères. Depuis sa prise de fonctions, il a accentué la destruction de la protection étatique qui entourait les paysans, voie ouverte par la gauche dans les années 1990. Il a creusé les différences entre les communautés religieuses, punissant certains de leur prise de distance par rapport à l’hindouisme. Sa politique réactionnaire contre la condition des femmes va susciter également des mouvements de contestation. La formation de groupes d’auto-défense (la Red Brigade) s’élargit à plusieurs villes.
Les femmes ont joué un rôle extrêmement important
Dès 2019, dans le sillon de Black Lives Matter, un quartier de Delhi se révolte, Shaheen Bagh, à l’annonce d’une nouvelle mesure du gouvernement acceptant de naturaliser certaines populations vivant sur le territoire national, à l’exception des musulmans. Les habitants occupent alors une place. Une sorte de Nuit debout à l’indienne commence.
Tout s’arrête le 24 mars à cause du Covid. Modi fait fermer les entreprises et demandent aux travailleurs venant d’autres régions de retourner dans leur contrée d’origine. Près de 60 millions de personnes perdent leur emploi et doivent rentrer chez eux à pied, les transports étant, désormais, fermés. Certains meurent en route. Puis Modi fait ouvrir des camps pour ces travailleurs “migrants” et détruit toutes les protections ouvrières. Le vent de la révolte souffle.
Du jour au lendemain, les heures passent de quarante-huit heures à soixante-douze heures par jour, il n’y avait plus aucun droit
Modi, dans la sidération générale, décide de privatiser tout, de la défense aux écoles, en passant par la santé et les transports. Avec un temps de retard, les grèves s’étendent dans le pays, métier par métier, Etat par Etat, sans trouver de réponse. Les femmes et les paysans imposent aux directions syndicales un appel à la grève générale le 26 novembre. Et c’est de là que tout est parti.