le 11 novembre 2022
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L’ « Ambassade des immigrés », c’était une occupation organisée par un groupe de 80 immigrés, depuis le 18 avril 2022, dans le 9ème arrondissement de Paris, dans un bâtiment qui appartenait à une filiale de la Société générale. L’objectif du lieu était de protéger les gens de la rue, d’avoir une base d’organisation pour lutter afin d’obtenir papiers et logements, mais aussi de permettre des rencontres entre collectifs, associations et individus.
Le jeudi 03/11 à 18h au local de Solidaires (31, rue de la Grange aux belles) avait lieu un meeting contre le racisme et pour l’égalité. Cet événement faisait suite à l’expulsion le 19/10 par 180 gendarmes de l’Ambassade des Immigrés (raflant au passage 6 habitants); mais aussi, à la mise en place le 27/10, d’un immense dispositif policier de rafle à La Chapelle, laissant 500 personnes sur le carreau. Depuis, 200 immigrés de La Chapelle résiste au harcèlement policier et tiennent la rue.
Dans cette émission vous entendrez donc un montage des prises de paroles réalisées à cette occasion avec les membres du collectif La Chapelle debout!; les habitants de l’Ambassade des immigrés et Nicolas De Sa-Pallix, président du Syndicat des Avocats de France Paris.
LETTRE OUVERTE DE L’ AMBASSADE DES IMMIGRES
” Monsieur le Président de la République,
Les noms de nos pays et de nos dictateurs diffèrent mais nos histoires sont les mêmes. Nous, les immigrés, n’avons pas trouvé le droit de vivre dans nos pays.
Comme tout le monde, nous aurions aimé travailler, étudier et apprendre.
Nous n’avons jamais voulu partir.
Dans nos pays, nous avons échappé à la mort, certains d’entre nous se sont échappés de prison. Parce que nous n’avons pas trouvé le droit d’y vivre, nous avons traversé le Sahara puis nous avons risqué notre vie en traversant la Méditerranée.
Pendant ce voyage nous avons perdu beaucoup trop d’entre nous.
Lorsque nous sommes miraculeusement arrivés sur les côtes européennes, nous étions heureux car nous croyions alors être en sécurité dans des États de droit, particulièrement en France.
Mais lorsque nous sommes arrivés, nous sommes allés à la préfecture, nous avons donné nos empreintes et nous avons été Dublinés hors de France. On nous a promis que notre Dublin prendrait fin après 6 mois et nous ne savions pas, alors, qu’en réalité nous pourrions attendre deux ans avant d’être convoqués à l’OFPRA. On nous met en procédure accélérée illégalement. On nous coupe l’argent, le logement et on ne nous laisse rien.
Il faut connaître la loi pour pouvoir se défendre.
Quand on a aucune aide pour être réintégré dans le système, en être écarté est lourd de conséquences.
Aujourd’hui, même la rue nous est interdite.
La police vient à 3h, à 4h du matin. Ils attendent que nos tentes soient vides puis nous gazent et lacèrent nos tentes pour qu’on ne puisse pas y retourner.
Nous avons rencontré ici de plus grands problèmes encore que dans nos pays.
C’est alors que nous nous sommes demandé si, ici, nous étions vraiment des êtres humains, si nous avions vraiment le droit de vivre.
Après tout ça, ils nous déboutent de l’asile, sans raison. Ils nous trimballent à la CNDA, que nous attendons toujours trop longtemps.
On nous déporte alors que pour certains nous sommes là depuis 6 ans, 7 ans.
Et parmi celles et ceux d’entre nous qui ont arraché des papiers, beaucoup sont malgré tout à la rue. A quoi bon avoir des papiers mais pas de logement après 10 ans.
Ils auraient peut-être dû couper notre droit de séjour en deux : 5 ans de papiers et 5 ans de logement. Nous avons donc décidé avec toutes les nationalités, pour nous protéger de la police, du froid et de la pluie, de prendre possession de ce bâtiment.
Nous voulons les mêmes droits et la même considération que les Ukrainiens, que les migrants qui sont blancs. Nous remercions encore les personnes solidaires qui nous ont accompagné dans cette démarche. Du fait du rejet et du refus du gouvernement français, beaucoup d’entre nous sont devenus fous, se sont suicidés, ont sombré dans l’alcool, la drogue, ont été rendus muets.
Nous, les migrants, nous demandons donc au gouvernement français :
– des papiers
– de casser Dublin
– le droit de travailler
– des logements
Tout cela pour pouvoir assumer la responsabilité de nous-mêmes et de nos familles restées au pays.
Pour accéder à nos demandes et à nos droits fondamentaux, nous demandons à ce que vous saisissiez les autorités compétentes afin que nous puissions les rencontrer.
Les habitants de l’Ambassade des immigrés du 17 rue Saulnier à Paris“
Lien vers la cagnotte anti représsion :
https://www.okpal.com/solidarite-avec-l-ambassade-des-immigres-expulsa/#/