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POUR LA PAIX CONTRE TOUTES LES GUERRES/ZONE DE GUERRE A SAINTE-SOLINE

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le 19 novembre 2025

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Nous commençons cette émission aujourd’hui par quelques interventions enregistrées lors du rassemblement organisé le mardi 11 novembre 2025 place de la république à Paris, un rassemblement Pour la paix / Contre toutes les guerres / Pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, organisé par la Fédération Anarchiste, La Libre Pensée, Sat-Amikaro, La Cité des Droits des Femmes, l’Organisation Communiste Libertaire, l’Union Pacifiste et la Coordination Régionale Antinucléaire d’Île-de-France.

Dans une deuxième partie, nous lirons le communiqué écrit par Mickaël, Serge, Alix, Olivier et des proches, pour que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé à Sainte-Soline et pour éclairer les agissements de la police lors de cet événement et les garder en mémoire, nous diffusons le son de la vidéo réalisée par Médiapart sur les violences policières à Sainte-Soline et ailleurs.

Pour la paix, contre toutes les guerres

Les millions de femmes et d’hommes qui manifestent dans le monde entier, en solidarité avec le peuple palestinien, victime du génocide perpétré par l’État d’Israël, le font en toute conscience que demain, ce sont eux qui pourraient devenir les victimes de l’impérialisme, de son économie fondée sur la guerre, la destruction de l’humanité, l’extermination de peuples entiers. Ni au Yémen, ni en Grande-Bretagne, ni tout récemment en Italie où viennent de se produire des grèves générales et des manifestations gigantesques de soutien aux Palestiniens de Gaza et Cisjordanie, aux flottilles de solidarité kidnappées par l’armée israélienne, les populations travailleuses et la jeunesse n’oublient les autres guerres menées par l’impérialisme.

En RDC, au Soudan, pour ne citer que ces deux pays, les politiques néocolonialistes, avec la complicité de potentats et d’États locaux, organisent délibérément la mort de millions de femmes, d’hommes et d’enfants. Partout, les guerres font des victimes civiles, subissant drones, bombardements, mines anti-personnel, tortures, viols comme arme de guerre, esclavage sexuel, déplacements forcés, famine, épidémie, etc. Là se trouvent les conditions pour continuer à exploiter ces pays, à piller leurs ressources naturelles. Mais les peuples résistent, malgré des conditions atroces, et il arrive que l’impérialisme subisse des défaites. C’est le cas au Niger, d’où la Françafrique, son armée, ses trusts miniers, commencent d’être chassés. Et le peuple vénézuélien s’apprête à résister à l’agression de Trump, qui vise les réserves pétrolières du pays et cherche à mettre ce peuple à genoux. Comme pour les Palestiniens, il s’agit du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

C’est une imposture de soutenir par les armes et la propagande un régime corrompu comme celui de l’Ukraine de Zelensky, qui réprime le mouvement social et ouvrier, enlève les citoyens dans les rues pour les enrôler dans la boucherie des tranchées. Quant aux justifications de l’agression russe, elles s’enracinent dans le culte du chef, la religion orthodoxe ressuscitée, propagande destinée à masquer le caractère mafieux de l’économie russe, aux mains d’oligarques tout aussi criminels que ceux d’Ukraine. Dans ces deux pays, le peuple paye pour des visées hégémoniques.

En luttant contre la guerre, pour la paix immédiate, exigeant la fin du génocide à Gaza, l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie, nous soutenons le droit à l’existence du peuple palestinien, le droit pour toutes les composantes de la région à vivre dans un cadre pacifique. De ce point de vue, invoquer le droit de se défendre comme le fait Israël, État colonial, relève aussi de l’imposture. Nous ne sommes pas dupes de la « diplomatie » de Trump. En soutenant et défendant les déserteurs russes et ukrainiens, nous aidons ces deux peuples à chasser, un jour prochain, les oligarques et les représentants de l’OTAN et à retrouver la fraternité, qui est l’aspiration fondamentale des peuples.

Les peuples rejettent la guerre, car ils comprennent que la guerre et sa préparation sont l’occasion de détruire les services publics, de piller les acquis sociaux, de supprimer les libertés et de les plonger dans la misère. En France, par exemple, la militarisation de la société, relayée par les médias dominants, vise à terroriser les populations pour les soumettre et les dresser au nom du lobby militaro-industriel, du nationalisme, de la religion et du patriarcat, tout en légitimant les frontières et les drapeaux.

COMMUNIQUÉ

Il importe de faire la lumière sur les violences policières à Sainte-Soline et ailleurs

Le 25 mars 2023, lors d’une manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les mégabassines, les forces de l’ordre ont blessé plus de 200 personnes – dont nous quatre gravement.

Une plainte a été déposée par nous ou par des proches de nous, notamment pour tentative de meurtre et pour entrave à l’arrivée des secours.

Les experts que le procureur de la République a chargé d’enquêter sur les violences policières ont mis deux ans à rendre leurs conclusions, qui sont à la fois partiaux et lacunaires. Selon eux, les forces de l’ordre auraient seulement répondu à la violence de certains manifestant-e-s. En fait, comme l’ont démontré force témoignages,

images et enquêtes journalistiques, les 3 200 policiers « défendant » un trou de terre vide ont bombardé (de 5 010 grenades) sans sommation l’ensemble des manifestant-e-s.

Toujours selon ces experts, l’organisation des secours n’aurait pas entraîné une « perte de chance » pour les victimes… parce qu’elles ont été soignées sur place « de façon consciencieuse et irréprochable ». En fait, ce n’est pas la qualité de ces soins qui a été dénoncée, c’est l’interdiction faite aux ambulanciers d’accéder aux personnes blessées même quand il y a eu un retour au calme – interdiction que, là encore, divers témoignages confirment.

L’enquête indique que les soignants n’étaient pas autorisés à arriver seuls sur les lieux, et que des tirs « non réglementaires » ont été opérés par les forces de l’ordre. Mais de nombreuses zones d’ombre subsistent dans ses conclusions, en particulier concernant les ordres explicites d’effectuer ces tirs « non réglementaires » : quoique figurant dans le dossier, ils n’ont pas été traités. Enfin, si des « dysfonctionnements inexplicables » sont relevés dans l’organisation des secours (le PC pompier ne répondait pas aux appels à l’aide, des motards de la police ont tardé à venir escorter des ambulanciers et les ont abandonnés en chemin, etc.), aucun avis n’est émis dessus.

La manière dont a été conduite cette enquête laisse clairement apparaître l’intention de classer sans suite nos plaintes, aussi demandons-nous la poursuite des investigations. Loin d’être un événement ponctuel, le 25 mars 2023 à Sainte-Soline s’inscrit dans un processus visant depuis de nombreuses années à banaliser une répression toujours plus violente. L’objectif de l’État ce jour-là n’était pas d’empêcher les manifestant-e-s de parvenir sur le chantier de la mégabassine, mais de dissuader quiconque de manifester à nouveau contre de telles constructions – lesquelles ont depuis été jugées inutiles et illégales par les autorités compétentes.

La mobilisation antibassines de Sainte-Soline a ainsi été pour l’État une occasion d’appliquer sa « doctrine du maintien de l’ordre », qui implique d’assimiler les mobilisations sociales à des attentats terroristes afin de déclencher officieusement un plan Orsec permettant leur répression par de véritables moyens militaires, mais ne prévoyant pas les moyens sanitaires à la hauteur de cette répression. Le terrorisme, c’est ça : rendre une population passive face aux agissements d’un pouvoir devenu omnipotent.

Nous avons aujourd’hui les preuves audio et vidéo de ce dont nous nous doutions : les actes qui ont causé tant de blessures et fait frôler la mort à nombre d’entre nous ne sont pas l’œuvre d’individus particulièrement violents, mais découlent de l’ordre donné par une institution. Et des actes semblables ont blessé et tué dans d’autres contextes (mouvements des gilets jaunes ou contre la réforme des retraites, émeutes après la mort de Nahel…).

Alors, nous voulons faire peser sur cette institution le cadre juridique dont elle s’affranchit délibérément. Apporter un éclairage sur ce dossier ne suffira évidemment pas à le clôturer, mais cela nous aidera à trouver les réponses dont nous avons besoin et à affirmer un refus de se laisser tétaniser par la terreur. Nous n’en continuerons pas moins de mener d’autres batailles pour une réelle justice sociale et environnementale.

Mickaël, Serge, Alix, Olivier et des proches,

le 5 novembre 2025